L’enquête publique se déroulant jusqu’au 11 avril présente une très forte participation.
Si les partisans du projet développent en général sur les bénéfices de l’éoliens au sens large pour la transition énergétique, très peu de contributions portent sur les spécificités locales. Les problématiques de biodiversité, de la forêt, des oiseaux et chauve-souris, du balbuzard pêcheur, des dépassements sonores, de la productibilité réelle ne sont jamais développés.
A contrario nous voyons parfois dans les nombreuses contributions dénonçant le projet, des analyses très détaillées du rapport bénéfice/risque et du questionnement du choix de cet emplacement aberrant.
Nous reproduisons ici quelques contributions nous ayant particulièrement marqués.
n°478
Cela va faire bientôt 8 ans que nous avons entendu parler pour la première fois de ce projet d’éoliennes sur le territoire d’Acigné. D’une curiosité plutôt positive au départ, comme chez l’immense majorité de nos concitoyens à l’époque, nous sommes rapidement arrivés à un sentiment d’inquiétude grandissant concernant l’impact qu’il pourrait avoir sur notre quotidien. En 8 ans, nous avons beaucoup lu et beaucoup appris : forêt Natura 2000, facteur de charge, foisonnement éolien, balbuzard-pêcheur, chiroptères, barotraumatisme, syndrome éolien, ADEME, RTE, mix énergétique, GigaWatts… sont entrés dans notre vocabulaire. En 8 ans, nous avons perdu en naïveté et en illusions sur l’intérêt de nos élus à défendre leurs administrés. Songez que notre premier réflexe au moment de la découverte du projet avait été de contacter la mairie d’Acigné pour savoir si elle était au courant… L’absence de la moindre réponse a marqué le début de notre désenchantement.
Ce projet se définit comme étant « citoyen ». Parce qu’il est soutenu par un maire qui, de par son rôle au Syndicat Départemental d’Energie 35, de sa filiale Energ’IV et au sein de Rennes Métropole a un intérêt personnel à ce qu’il se fasse ? Parce que 17 personnes du collectif Acyéole ont investi dans ce projet (dont 16 habiteraient à plus de deux kilomètres de la moindre éolienne si le projet se concrétisait) ? Evidemment, ces aéromoteurs avec leurs lots de nuisance ne seront pas dans leur « backyard » ! Il leur est facile dans ces conditions de venir faire la morale aux riverains directs en les traitant d’égoïstes et en leur demandant de bien vouloir faire leur part…
La mise en avant continuelle du fait qu’il s’agit d’un « projet citoyen » (les opposants étant assimilés à des non-citoyens ?) est de nature à fracturer la cohésion du territoire. Je récuse à titre personnel toute violence, si le projet allait à son terme, je me munirai de boules Quies, prendrai des somnifères et des anti-dépresseurs et sacrifierai mes économies pour payer un avocat pour poursuivre judiciairement les responsables de mon mal-être. Mais que pouvons-nous dire des comportements de tous ceux qui seraient dans la même situation et qui croiseraient ces responsables au cours de leurs activités quotidiennes ? Nos enfants et petits-enfants vont dans les mêmes écoles, nous nous côtoyons à la médiathèque, au marché, au cinéma, au Carrefour, au Triptik, nous allons chez les mêmes coiffeurs, dans les mêmes boulangeries, nous courrons, jouons ensemble… Qui baissera les yeux, qui lèvera les poings ? Alors que nous pouvons à n’importe quel moment de notre vie avoir besoin les uns des autres, cette perte de cohésion, validée par le résultat du vote de la mairie voisine de Thorigné, me terrifie.
J’aurais aimé que l’opposition municipale Lutte Ouvrière se fasse l’écho de la façon dont s’est déroulé le conseil municipal du 25 mars, là où a été discutée la création de zones d’accélération des énergies renouvelables suite à la (très discrète) consultation organisée en réponse aux directives nationales. Comment l’écrasante majorité d’expressions allant à l’encontre de projets éoliens sur le territoire a été purement et simplement balayée, la séance se soldant par un vote positif à l’unanimité des élus – hors opposition. Où ces chiffres sont-ils consignés ? Les consultations ne seraient-elles que du vent ? Est-ce ainsi que la démocratie locale doit s’exercer ?
L’acceptabilité d’un projet de ce type devrait être au cœur des préoccupations de nos élus. Ces comportements méprisants vont à l’encontre de leurs objectifs. Vivant à la campagne, nous acceptons ses désagréments ; il ne nous viendrait pas à l’idée de nous plaindre du bruit des tracteurs dans le champs (parfois de nuit sous la fenêtre des petits), de l’odeur des épandages, des routes souillées, des traversées de vache quand nous sommes pressés, des bruits des animaux… car nous comprenons le sens de ce qu’il y a derrière. Dans le cadre du projet « les ailes du Chevré », son unique justification semble être sa situation géographique au sein de Rennes Métropole… Les études de production misent sur des facteurs de charges fantaisistes, ne tiennent pas compte des bridages qui seront nécessaires (ou obtenus au terme de procès…), minimisent la consommation électrique des communes pour gonfler le taux de couverture théorique, même si cela n’a pas de sens dans un contexte où tous les réseaux électriques sont reliés… Tout cela pour éviter des pertes de 3% liées au transport (chiffre RTE qui figure d’ailleurs dans la plaquette du projet) ! Rendez-vous compte : faire ce projet n’importe où ailleurs, à 1500m de toute habitation afin qu’il ne soit dans le « backyard » de personne, ne coûterait que 3% de perte ! Qui serait fier de détruire son territoire, de défigurer une zone Natura 2000, de mettre à la peine des centaines de citoyens pour pouvoir clamer qu’il s’agit de « son projet local » ? Pour respecter un PCAET qui prend DEJA en compte ce projet avant toute concertation, en se fixant des objectifs… qui ne seront pas atteints si le projet ne se fait pas ! Ce serait donc ne pas être citoyen que d’exercer un peu son esprit critique en soulignant l’absurdité de cette posture acrobatique où un serpent se mange la queue ?
Car si chacun doit faire sa part, et sur un sujet aussi critique que notre approvisionnement énergétique, il est criminel de contribuer de manière stupide.
Vous connaissez peut-être l’histoire du colibri qui nous est régulièrement ressortie (de manière quelque peu infantilisante…) pour explique ce fameux « chacun doit faire sa part » :
Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient, impuissants, le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! »
Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. »
L’histoire qui se veut édifiante et à la gloire de tous les petits colibris, s’arrête là, mais je ne peux m’empêcher de penser – et à supposer que le petit colibri ne se soit pas prit une pale d’éolienne sur le bec – qu’il aurait été mieux inspiré d’utiliser son énergie pour aller houspiller quelques éléphants, qui, au moyen de l’eau transportée dans leurs puissantes trompes, auraient éteint l’incendie en quelques instants.
n°469
Je souhaiterais vous faire part de la façon dont s’est déroulé la définition des zones d’accélération des énergies renouvelables sur la commune d’Acigné (ZADER).
Ce sujet est directement lié à l’enquête publique en cours, dans la mesure ou les zones identifiées et votées par le conseil municipal d’Acigné sont précisément les zones du projet en ce qui concerne l’énergie éolienne.
Par ailleurs la démarche conduite sur la définition de ces zones illustre parfaitement la conception très particulière qui prévaut dans cette commune en matière de concertation avec ses habitants.
Pour rappel les « zones d’accélération des énergies renouvelables correspondent à des zones jugées préférentielles et prioritaires par les communes pour le développement des énergies renouvelables, afin de répondre aux objectifs fixés par la programmation pluriannuelle de l’énergie.
Ces zones sont à l’entière discrétion des communes. Aucune obligation n’est faite en matière de mode de production d’énergie. Pour l’éolien seule une cartographie des contraintes réglementaires est à respecter (distance à 500m des habitations, radars, aviation, …).
Les communes peuvent décider de ne pas définir de ZADER ou bien seulement pour certains modes de production.
Sur le site du ministère de l’écologie il est indiqué à ce sujet « Grâce à cette loi, les communes peuvent désormais définir, après concertation avec leurs administrés, des zones d’accélération, où elles souhaitent prioritairement voir des projets d’énergies renouvelables s’implanter. »
La mairie d’Acigné a communiqué sur l’existence d’une concertation à un unique endroit : un encart publié dans le bulletin municipal de Février 2024 (ci-joint) avec comme unique annonce « Afin de valider l’inscription de ces zones d’accélération sur le portail officiel de l’état, nous ouvrons donc une concertation publique par voie électronique. Merci de nous transmettre toutes vos réactions avant le 20 février à l’adresse suivante : ZAENR@villeacigne.fr »
Les modalités de cette consultation posent d’emblée question :
un délai très court de réponse (du 1er au 20 février 2024)
aucun autre support annonçant la concertation: rien dans la presse, pas même un article sur le site de la ville d’Acigné
aucune présentation des zones concernées, et en particulier de cartographies précises. Il est simplement indiqué « Pour l’énergie éolienne, la commune souhaite donc inscrire une zone d’accélération à proximité des lieux-dits Brayon, la Béchère et les Hautes Ecures. »
contribution par email uniquement sans aucune garantie de la bonne prise en compte
A l’issue de cette concertation, aucune restitution des résultats n’a été produite publiquement.
La restitution est intervenue uniquement lors de la réunion du conseil municipal d’Acigné du 25 mars 2024, donnant lieu directement au vote de la résolution permettant l’inscription de ces zones en tant que ZADER.
A cette occasion il a été indiqué que la consultation avait reçu 54 messages, 43 d’opposition au projet éolien, 8 d’inquiétudes sur le projet éolien, 1 en faveur des énergies renouvelable, 6 en faveur de l’énergie solaire.
A signaler que la traditionnelle séance de questions au public avait été judicieusement positionnée par M. Le maire, juste avant cette restitution. Le public présent (une quinzaine de personnes) n’a donc pas pu s’exprimer sur ce résultat, et a légitimement laissé éclaté sa colère provoquant un certain remue-ménage dans la salle (voir article Ouest-France du 27/03 ci-joint).
L’opposition s’est aussi émue de cette situation, à la fois sur le fond (vote sans tenir aucun compte des résultats de la concertation) que sur la forme (public présent qui ne peut intervenir au regard du résultat présenté).
Le conseil municipal d’Acigné, sans autre débat, a voté à l’unanimité (sauf 2 voix contre, celle de l’opposition) pour l’inscription de ces zones en tant que ZADER.
Ce déroulé de concertation est à l’image de celle conduite il y a maintenant 6 ans sur le projet faisant l’objet de cette enquête publique. A aucun moment l’avis des administrés n’a été pris en compte. La seule importance était de pouvoir cocher la case « concertation » dans le déroulé du projet.
En ayant souhaité porter à votre connaissance ce nouvel élément, qui vient compléter la bonne compréhension de la situation.
n°428
J’habite à Acigné depuis 21 ans et ma maison est située à 800 m du projet.
Je suis fermement opposée au projet d’éoliennes industrielles sur la commune D’Acigné en limite immédiate de Thorigné-Fouillard. Ce projet est inconciliable avec ce site naturel préservé.
J’attire votre attention sur la perte réelle de la cohésion sociale entre Thorigné et Acigné si ce projet se réalisait.
De plus je souhaite que vous considériez que notre combat est légitime et qu’il s’inscrit dans l’objectif du développement durable. En effet, la préservation des richesses naturelles, du patrimoine, de l’air, de l’eau, du paysage, du milieu naturel, font bien partis des objectifs du développement durable (article L10-a du code de l’environnement)
Non seulement nous voulons préserver les richesses naturelles de cet espace situé entre Acigné, Thorigné et Liffré ; mais notre combat vise aussi la défense de notre cadre de vie, de notre sécurité et de notre santé.
L’article premier de la charte de l’environnement qui a une valeur constitutionnelle nous dit « que chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé »
Ce projet éolien introduirait un déséquilibre majeur au sein de notre communauté et de notre environnement.
Ce déséquilibre n’est pas absorbable, ni par la nature ni par les habitants de nos communes.
Ce projet est un projet contre la nature, contre l’humain, qui nie la réalité du terrain.
Nous demandons au préfet de rejeter ce projet de destruction et de discorde.
Nous demandons à la mairie d’Acigné d’abandonner ce projet fou rejeté en masse pas les citoyens.
Nous demandons à Alcyléole de prendre en considérations les conséquences dramatiques que vont subir des centaines et des centaines de personnes et de se réorienter vers un projet plus respectueux des autres comme le photovoltaique.
Nous demandons à la SEM Energiv de se soucier de ces fonds publics qu’ils veulent mettre dans ce projet ainsi que des conséquences d’un rachat qui les mènera en justice car les riverains ne subiront pas ; les « peut être » futurs propriétaires devront faire face à l’opiniâtreté des riverains qui le cas échéant si la folie l’emportait iront nombreux en justice.
Nous demandons au promoteur face à cette levée de bouclier de retirer ce projet qui n’aurait jamais du voir le jour. Le promoteur éolien Vent d’Oc, le premier sur le projet et bénéficiant du même potentiel foncier s’était retiré après réflexion.
n°388
En tant que résident d’Acigné, riverain du projet, je m’oppose fermement au projet de construction d’un parc éolien en bordure de la forêt de Rennes. L’idée d’ériger trois éoliennes imposantes à proximité d’une zone Natura 2000 me semble être une aberration sur le plan écologique. Ces installations ne feraient qu’altérer cette zone protégée et engendrer des conséquences environnementales bien plus nuisibles que les avantages d’une énergie renouvelable. Les études, notamment l’avis de la MRAE, ont révélé une activité significative des chauves-souris, espèce protégée absolument nécessaire à la biodiversité, dans les boisements ainsi qu’en direction de la vallée du Chevré, donc à proximité directe des éoliennes. La MRAE conclut que « Considérant la présence significative de chiroptères au sein de la zone, les conclusions de l’étude apparaissent sous-estimées et conduites selon une logique discutable ». Toujours sur la biodiversité, depuis 2022 un balbuzard pêcheur, espèce extrêmement protégée, vient dans cette forêt pour y faire son nid. Les acteurs de ce projet n’ont pas étudié de solution alternative pour la zone d’implantation pourtant obligatoire pour une demande de dérogation espèce protégée, pourquoi ? Savent-ils que cette zone est trop sensible et préfèrent-ils donc passer cela sous le tapis ? Cette forêt est un lieu unique de biodiversité, on devrait tout faire pour la préserver. Nous cherchons en tant qu’Homme à réduire notre empreinte carbone pour le respect de la biodiversité. Si les projets d’énergie renouvelable sont réalisés sans respect de la biodiversité, il n’y a plus aucun intérêt à faire ces projets. Est-ce qu’être le seul lieu de Rennes Métropole à moins de 500m d’habitations est le seul et unique critère pour réaliser un tel projet ? Ne faudrait-il pas trouver des endroits en France moins sensibles ? L’électricité n’est pas une pomme, elle n’a pas besoin d’être produite ultra localement pour être écologique.
Sur un plan plus personnel, j’ai acquis cette maison à la campagne d’Acigné en 2021 sans être informé de ce projet. Ma décision de m’y installer et d’y construire ma vie repose principalement sur la proximité de la forêt. Ayant longtemps souffert du bruit dans ma vie, c’est l’environnement paisible de cette maison qui m’a charmé. J’y vis heureux depuis lors. Je me promène quotidiennement avec mon chien dans cette forêt, en stationnant entre les futures éoliennes E1 et E2. Ce parking est régulièrement fréquenté par de nombreux promeneurs, cueilleurs de champignons, joggeurs, familles et enfants qui vont ensuite se promener sous les futures éoliennes. Cette zone est donc un lieu d’activité humaine florissant où les gens viennent se ressourcer et profiter respectueusement de cet espace. Je suis convaincu que l’installation d’éoliennes dénaturerait ce magnifique et rare paysage et présenterait un risque pour ces personnes. De plus, le risque de projection de glace provenant des éoliennes pourrait mettre d’autant plus en danger les promeneurs. La proximité de cette forêt avec Rennes est une chance réelle, dont de nombreuses personnes de tout Rennes Métropole profitent, et il serait regrettable de perturber cet équilibre. À cela s’ajoute la dévaluation immobilière qui est une réalité. En effet, le même promoteur que ce projet (P&T Technologie) a été condamné par la cour d’appel de Rennes le 12 mars 2024 à verser 730000€ aux riverains des éoliennes, à Melgven dans le Finistère. Ce cas ne concerne qu’une quinzaine de riverains et nous sommes beaucoup plus nombreux dans ce projet et nous ne manquerons pas de prendre les actions judiciaires nécessaires si jamais le projet venait à aboutir.
Enfin, la hauteur prévue de ces éoliennes est de 180 mètres (l’équivalent d’un immeuble de 60 étages), bien plus grande que les précédentes versions des éoliennes (environ 130 mètres, soit 17 étages de moins). Habituellement la loi est d’avoir une distance de 500 mètres entre les éoliennes et les habitations mais des nombreuses discussions ont eu lieu au sénat pour débattre de cette distance, notamment pour les plus grandes éoliennes comme celles-ci. Cérémé, le Cercle d’Étude Réalités Écologiques et Mix Énergétique a même préconisé une distance de 1500 mètres en 2022. Il a été décidé au Sénat qu’il faudrait décider au cas par cas en fonction du lieu et des habitations avoisinantes. Etant donné la nature de ce projet, le grand nombre d’habitations autour de ce projet, cette distance devrait être révisée ici car plusieurs maisons sont très proches des 500 mètres (la plus proche est à 518 mètres).
En résumé, bien que l’énergie éolienne soit une solution intéressante pour lutter contre le réchauffement climatique, ces projets doivent être menés avec discernement et dans des zones appropriées, tant du point de vue de la rentabilité que du respect de la vie sauvage, de la nature et des activités humaines environnantes. Selon moi, ce projet ne répond pas à ces critères. Cet avis est partagé par les conseils municipaux de Thorigné-Fouillard et la Bouexière qui ont voté contre ce projet à l’inverse du conseil municipal d’Acigné, pouvant laisser penser que ce projet est en réalité un projet politique et non pas écologique.
n°381
Au fil des jours de cette enquête publique relativement hors norme, vous avez entendu et lu les nombreuses contributions des habitants d’Acigné, Thorigné-Fouillard, Liffré ou d’ailleurs exprimant leurs inquiétudes, indignations ou révolte face à ce projet. Il est unique en son genre du fait qu’il se positionne au sein d’une communauté urbaine densément peuplée, mais également dans l’une des dernières zones préservées de la métropole, en lisière immédiate d’une forêt Natura 2000 abritant une richesse faunistique exceptionnelle.
Pour beaucoup ce fut une découverte soudaine, le projet se concrétisant depuis des années péniblement et en toute discrétion dans les salons où s’accordent les appétits voraces et les ambitions politiques avec l’absolution totale d’une cause planétaire qu’on ne saurait défier.
Certains l’ont oublié imaginant qu’il s’agissait d’une folie passagère fruit d’un zèle énergétique qui oubliait la raison d’être de l’engagement écologique. Certains se sont découragés et on fuit en refusant un combat qu’ils estimaient perdu d’avance. La plupart n’en n’ont pas eu vent, ou alors du bout de l’oreille, comme une plaisanterie absurde entendue au coin de la rue: “des éoliennes géantes coincées entre la forêt et Rennes, quelle bonne blague !”.
Pour ma part cela fait huit ans que j’observe attentivement ce projet, et malgré son positionnement contradictoire à toute idée de préservation de la biodiversité, malgré la présence d’un rapace menacé qui a lui seul devrait arrêter le projet, malgré la mobilisation d’associations environnementales, malgré les milliers d’habitants proches augmentant de manière démesurée le risque sanitaire, malgré la productibilité plus que contestable compte tenu des puissances de vent médiocres dans le secteur, malgré une acceptabilité locale loin d’être au rendez-vous, malgré tout cela … je suis inquiet. Inquiet de voir que quelques personnes d’un collectif auto-proclamé citoyen, associées à une volonté politique locale puissent aussi aveuglément soutenir ce projet et balayer d’un revers de main l’évidence du désastre écologique et humain qu’il implique.
Inquiet de penser que d’autres pourraient, sans considération pour la spécificité locale, accepter l’inacceptable et valider ce projet sous le seul dogme d’une transition énergétique irréfutable.
Lorsque j’ai élu domicile à Acigné il y a maintenant 15 ans, ce fut avant tout pour son cadre exceptionnel. Fuir le rythme effréné de la ville, pour développer un mode de vie apaisé, attentif à l’environnement et à la nature. J’ai à cœur de transmettre à mes enfants le respect des écosystèmes, la prise de conscience de l’impact des humains sur la planète, la consommation de produits locaux et biologiques, la limitation des déchets, la préservation des espèces, la réduction des déplacements.
Comment leur expliquer ensuite qu’au regard d’un enjeu qui les dépasse – qui nous dépasse – on vienne détruire un environnement que nous avons tenté de préserver depuis de longues années.
n°375
Ce projet est insensé car dans un autre contexte que celui d’Acigné, il n’aurait jamais pu voir le jour. J’en prends pour exemple les règles formulées pour le choix des projets éoliens dans la région Nouvelle Aquitaine.
En septembre 2022 la Préfecture de la Région Nouvelle Aquitaine établissait une cartographie des zones propices au développement de l’éolien terrestre, à l’issue d’un important travail de concertation / consultation des parties intéressées (dossier en pièce jointe). Cette cartographie est basée sur la méthodologie développée par une équipe projet réunissant les chefs des différents services de la DREAL Nouvelle-Aquitaine ainsi qu’un groupe de travail technique regroupant les services métiers de la DREAL, et s’appui sur l’analyse de 130 jeux de données regroupées en 3 grandes catégories d’enjeux (paysage et patrimoine, biodiversité et environnement ; aviation et autres activités).
La cartographie résultante distingue plusieurs types de zones : les « zones non préférentielles » où le développement de l’éolien est fortement déconseillé, les « zones à enjeu fort ou modéré » où l’éolien peut être envisagé à condition que les enjeux relevés soient pris en compte, et les « zones sans enjeux identifiés » ou l’éolien peut être développé sans contrainte majeure. Au total, 10% du territoire de la région apparait propice au développement de l’éolien, ce qui permettrait de construire jusqu’à 2397 mats éoliens, pour une puissance potentielle maximale de 8388 MW.
Là où l’étude réalisée par la Préfecture de Nouvelle Aquitaine interpelle le projet d’Acigné, c’est dans les critères retenus pour définir les zones çà enjeux :
1/ les zones Nature 2000 et espaces protégés assimilés sont d’emblée classées comme « non préférentielles » : à Acigné la première éolienne est habilement implantée à moins de 50 m de la forêt Natura 2000 ! On fait déjà très fort…
2/ zones à chiroptères : « les enjeux à chiroptères sont trop forts pour permettre la présence d’un parc éolien, l’évitement est indispensable » (extrait de la page 11)
Sont considérées « zone à chiroptères » les gîtes à chiroptères et territoires de chasse à proximité, auxquelles est ajouté un périmètre d’exclusion de 5 km autour des zones concernées !
La mortalité bien connue des chauves-souris en présence d’éoliennes est liée d’une part à la collision directe (le bout de pale battant l’air à la vitesse de 300 km/h !) mais aussi par aspiration du fait du mouvement d’air et enfin par surpression (barotraumatisme). Et ce d’autant plus qu’elles sont attirées par les insectes happés par les pales ainsi que par les lumières de signalisation rouge placées sur les nacelles.
Cet impact a été bien compris dans le cas de l’étude cartographique réalisée en Nouvelle Aquitaine, dont le paragraphe ci-dessous est un extrait in-extenso décrivant la nature des risques encourus par les chauves-souris, et qui justifie ce classement en « zone non préférentielle » les périmètres de 5 km autour des gites et zones de chasse des chauve-souris (vous avez bien lu : 5 km !) :
« Plusieurs espèces de chiroptères, présentes en NouvelleAquitaine, ont un statut menacé sur les listes rouges nationale ou régionale. L’espèce est reconnue sensible vis à vis de l’éolien à toutes les phases de leur cycle biologique, risque de mortalité par collision ou barotraumatisme, risque accrue pour les espèces de haut vol (Nyctalus spp, pipistrellus spp, Miniopterus schreibersii, Eptesicus spp, Barbastella spp…). L’espèce est sensible également à la fragmentation de son habitat, destruction de haies, ouverture de milieux, elle utilise la végétation (lisières, haies, allées forestières) comme axes de déplacement et comme zones de chasse. La protection des chiroptères passe en premier lieu par la préservation des gîtes qu’ils utilisent au cours de leur cycle biologique annuel. Selon le statut des gîtes (hibernation, reproduction, transit), et selon les espèces, la sensibilité aux perturbations alentour varie. La majorité des chiroptères chassent dans un rayon de 2 à 20km autour du gîte (jusqu’à 30km pour certaines espèces, et selon la qualité du milieu). Un évitement systématique des gîtes à chiroptères (hibernation, reproduction, parturition) augmentée d’une zone de 5km tout autour, correspondant à un territoire d’activité et de chasse, est indispensable, mais également une vigilance forte dans un rayon de 10 à 20km autour des gites, selon les espèces. correspondant à un territoire d’activité et de chasse, est indispensable, mais également une vigilance forte dans u rayon de 10 à 20km autour des gites, selon les espèces. »
Je n’ai rien inventé : vous pouvez retrouver ce texte page 11 du document joint.
Est-il utile de rappeler que de nombreuses espèces rares de chiroptères, classées sur la liste rouge de l’IUCN et protégées ont leur gite dans le complexe forestier de Rennes-Liffré-Chevré, et ont contribué à son classement patrimonial ?
L’étude rappelle que même en l’absence de gites à chiroptères la Convention EUROBATS établie sous l’égide du Programme des Nations Unies pour l’Environnement demande que « les éoliennes ne soient pas construites à moins de 200 mètres d’une zone boisée quel qu’en soit le type, ou d’une haie existante ». La raison en est que ces lisières sont fréquentées de façon préférentielle pas les chauves-souris qui les utilisent comme voies de circulation entre leurs gîtes et les zones de chasse. Les lisières fonctionnent alors comme des espaces pièges. Cette mortalité est loin d’être anecdotique, comme l’atteste le fait que 38 états européens aient jugé utile de lui dédier une convention internationale ! La convention EUROBATS précise également que « pour les éoliennes terrestres il faut tenir compte de l’activité des chauves-souris dans un rayon de 10 km autour des aérogénérateurs ». Or il se trouve que les zones de gîte sont dans les arbres creux de la forêt, des bosquets et des haies, et les zones de chasse s’étendent vers les étangs du Chevré, les éoliennes étant situées au beau milieu de cette zone.
Faut-il là encore rappeler que la France a ratifié la Convention EUROBATS le 5 juillet 1995 ? Le monde vivant va-t-il tellement mieux aujourd’hui que l’on peut décider impunément de s’assoir dessus 30 ans plus tard ? Et bien non : c’est précisément l’inverse, l’effondrement de la biodiversité a fait disparaitre entre 30 et 50% des populations sauvages durant ces mêmes 30 années (voir l’étude publiée en mai 2023 par le CNRS) ! Avec ce genre de provocations on ne fait qu’encourager les jeunes générations à se révolter et à prendre cause pour le vivant et la biodiversité. Est-ce responsable ?
3/ zones à rapaces : elles sont clairement identifiées comme à enjeu majeur
Il est clairement dit page 12 : « Les enjeux paraissent trop forts pour pouvoir permettre la présence d’un parc éolien, les études d’impact devront être très poussées pour démontrer l’innocuité du développement éolien sur l’espèce. ».
Le rapport affirme que « Les rapaces, et notamment les grands rapaces, sont des espèces très sensibles au dérangement et au risque de collisions mortelles avec les éoliennes. Longévives, au statut menacé, la prise en compte de leurs domaines vitaux est indispensable dans le développement de l’éolien. »
Il précise également que « Lors des migrations, les éoliennes peuvent constituer une barrière ou un effet repoussoir, que ce soit du fait de l’orientation des éoliennes au sein d’un même parc, ou bien du fait du positionnement relatif de différents parcs les uns par rapport aux autres. Risque de collisions avec les éoliennes, dans des conditions météorologiques défavorables (brouillard, vent fort…). ».
Dans le cas du projet d’Acigné, il n’est même pas fait la moindre mention de la présence du balbuzard pêcheur qui niche dans le secteur : les écologues ayant réalisé les études d’impacts n’auraient-ils pas eu l’information de sa présence ? Quand on s’intéresse un tant soit peu au fragile monde vivant, on ne peut ignorer que le premier nid en Bretagne de cette espèce espèce qui a frôlé l’extinction en France a été observé dans cette même forêt de Rennes en 2022 !
Je pense qu’il n’est pas utile d’en dire plus : ce projet ne serait pas jugé acceptable ailleurs. Pourquoi le serait-il dans notre belle Bretagne, région moins bien dotée en forêts que le reste du pays, dont il est vital de protéger d’autant plus le patrimoine naturel ?
n° 354
n°337
D’innombrables motifs, parfaitement justifiés et argumentés, d’opposition à ce projet vous ont déjà été avancés : gigantisme des éoliennes, proximité d’habitations, immédiate proximité de zones protégées (Natura 2000,…), risques physiques et sanitaires pour les humains et les animaux, rentabilité financière très contestée, modèle économique garantissant le gain du promoteur au détriment des collectivités locales, etc, etc….
Je ne pense pas nécessaire de développer ici l’ensemble de ces motifs d’opposition, et me contenterai donc d’insister sur les raisons principales qui motivent mon opposition.Risques sur les espèces protégées :
J’invite les promoteurs et partisans du projet à se rendre en soirée ou de nuit à la lisière de la forêt de Rennes (aux Landes de Billé par exemple) pour constater l’importance de l’activité des chauves-souris et des rapaces. Il est évident que les éoliennes provoqueront une hécatombe parmi ces populations. Le promoteur affirme qu’il bridera les éoliennes pendant 90% des périodes où les chiroptères sont les plus actifs. Pourquoi pas 100% ?
La présence d’espèces protégées est avérée dans la zone concernée : nombreuses espèces de chauves-souris (Le promoteur lui-même indique dans sa note sur les chiroptères : « L’analyse par Ouest Am’ des données de 2022 a permis d’identifier le Vespertilion bicolore, une espèce très rare en Bretagne »), et d’après les ornithologues, un couple de balbuzard pêcheur récemment arrivé. Malgré ces présences d’espèces protégées par la loi, et en dépit de la demande explicite de la MRAE, la société « Parc Eolien Les Ailes du Chevré SAS », porteuse du projet des trois éoliennes d’Acigné, indique au Préfet, par courrier du 25 juillet 2023 que « son projet ne justifie pas le dépôt d’une demande d’autorisation de DEP vis-à-vis des chiroptères » ! Ainsi, alors que les spécialistes environnement jugent indispensable cette demande, le porteur du projet estime qu’il peut lui-même s’en exonérer. Le simple bon sens nous conduit pourtant à penser que si le promoteur du projet est si sûr que l’impact de son projet sera « très faible pour les chiroptères » (sic), il ne risque rien à faire une demande de dérogation espèces protégées. Il devrait être certain d’obtenir une réponse en sa faveur !
Quant aux effets de lumière sur les chauves-souris, le promoteur affirme qu’il veillera à l’extinction de toute lumière, à l’exception des balisages lumineux obligatoires. Or, dans le courrier du 19 octobre 2020 du Service National d’Ingénierie Portuaire, et dans le courrier du 26 novembre 2020 de la Direction de la Sécurité Aéronautique d’Etat, l’autorisation du projet d’éoliennes est donnée « SOUS RESERVE QUE CHAQUE EOLIENNE SOIT EQUIPEE DE BALISAGES DIURNES ET NOCTURNES », selon l’arrêté du 23 avril 2018. Lequel arrêté précise que pour les éoliennes de plus de 150 mètres, en plus du balisage nocturne habituel, une lumière rouge fixe basse intensité est obligatoire. Or, il est de notoriété publique que le balisage nocturne des éoliennes (renforcé pour les éoliennes de grande hauteur) est ravageur pour la faune ailée.
Ajoutons que le Groupement Mammalogique de Bretagne, dans le cadre de l’observatoire des mammifères en Bretagne a diffusé une cartographie des risques encourus par les chiroptères vis-à-vis de l’éolien. Il apparait dans cette étude que la zone sur laquelle seraient implantées les trois éoliennes d’Acigné, est classée parmi les zones pour lesquelles l’installation d’éoliennes est « A PROSCRIRE » !!!Risque acoustique :
Situé à environ 502 mètres de l’éolienne E1, je m’étonne de ne pas avoir été contacté pour l’étude acoustique qui a, semble-t-il été réalisée et dont on aimerait que les résultats soient rendus publics.Risque incendie :
Comme pour attirer l’attention des promoteurs du projet d’Acigné, un grave incendie d’éolienne s’est produit le 28 mars 2024 en Loire Atlantique. Les informations communiquées sur cet incendie sont les suivantes : « Il est impossible pour les soldats du feu d’intervenir, l’incendie s’étant déclaré à plusieurs dizaines de mètres de hauteur ». « L’éolienne en feu menace de s’effondrer » « débris incandescents tombant du mât ». « Fort heureusement, il n’y a pas d’habitation à proximité du parc éolien ».
On tremble en imaginant le jour où une éolienne du parc d’Acigné prendra feu, en plein été, à 70 mètres de la forêt de Rennes !!! Notre crainte est avivée par la légèreté des mesures annoncées par le promoteur « face au risque d’incendie » : « Chaque aérogénérateur sera doté de moyens de lutte et de prévention contre les conséquences d’un incendie et conforme aux normes en vigueur, composé à minima de deux extincteurs placés à l’intérieur de l’aérogénérateur, au sommet (sic) et au pied de celui-ci. Ils seront positionnés de façon bien visible et facilement accessible ». Avec deux extincteurs, les pompiers seront donc priés d’éteindre un incendie situé à plus de 150 mètres de hauteur et donc inaccessible !
Comme l’indique l’avis de la Mission Régionale d’Autorité Environnementale de Bretagne, « Le dossier [du porteur de projet] indique que la hauteur des éoliennes rend très faible le risque de propagation d’un incendie de la machine vers un élément arboré et conclut que le risque feux de forêt est très faible. Au vu de la proximité des éoliennes avec la forêt, cette affirmation nécessite d’être démontrée ».
Nous demandons que le principe de précaution soit à minima respecté. Il convient d’éloigner ces éoliennes à 200 mètres au moins de la lisière de la forêt, distance par ailleurs préconisée pour la proximité d’une zone Natura 2000.
Dévalorisation de l’immobilier :
Le 12 mars 2024, le promoteur P et T Technologie a été condamné par la cour d’appel de Rennes à verser environ 700.000 euros à des riverains d’un parc éolien « en réparation de leur préjudice de dépréciation immobilière ». Le préjudice de dépréciation immobilière est donc judiciairement reconnu alors que les 3 éoliennes concernées n’avaient une hauteur que de 118 mètres (contre 180 mètres pour le projet d’Acigné). Il est évident et certain, que dans le cas des éoliennes d’Acigné, compte tenu de la proximité de nombreuses habitations, des dizaines de propriétaires attaqueront le promoteur en justice pour obtenir réparation de la dévalorisation de leur bien. Il conviendrait de tenir compte de ces montants dans l’étude de rentabilité apparemment déjà très contestable. De plus, vu le montage financier, il y a fort à parier qu’au final, ce sont les collectivités locales, et donc le contribuable qui paieront tous ces surcoûts.
Acceptabilité locale :
Le ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires insiste sur la nécessité de l' »acceptabilité locale » des projets éoliens. Le moins que l’on puisse dire est que cette acceptabilité est totalement absente du projet d’Acigné. Citons simplement les avis défavorables émis à la quasi-unanimité par les conseils municipaux de Thorigné-Fouillard (commune la plus impactée par ce projet) et de La Bouexière. Souhaitons que pour une fois, l’avis de la majorité et des élus soit respecté.
Pour toutes ces raisons, je vous prie de bien vouloir noter mon opposition totale à la réalisation de ce projet éolien, et vous prie d’agréer, Monsieur le Commissaire Enquêteur, l’expression de mes sincères salutations.
n°300
En revanche, pour chaque projet, il convient de s’assurer que la balance bénéfices / risques sert l’intérêt commun, sur les plans environnementaux, économiques et sociétaux.
A la lecture des différents documents et arguments avancés par Acyl’eole et le promoteur de ce parc industriel, le projet est à l’encontre du bien commun:
– Accolé à la forêt (50m), il piétine la biodiversité locale et singulière à la zone, en pleine contradiction avec son appartenance au réseau Natura 2000, et l’engagement associé d’enrayer l’érosion de la biodiversité.
Nous sommes riches de la présence du Balbuzard pêcheur, pour ne parler que de cette espèce d’oiseau rarissime qui a frôlé l’extinction et dont l’unique lieu de nidification – et donc reproduction – en Bretagne a été observé dans notre forêt de Rennes-Liffre-Chevré. A noter le rejet de demandes d’autorisation de projets éoliens par la préfecture de Loire Atlantique pour ce seul motif.
Il en est de même pour l’atteinte aux fragiles chiroptères (espèce menacée), pour lesquelles le parc industriel représenterait un danger massif avec un accroissement mortalité inacceptable, que l’espèce ne saurait vraissemblablement pas supporter.
De façon plus vaste, la forêt regorge d’espèces sauvages et à protéger.
– L’incidence des incendies, figurant parmi les principales causes d’accidents sur ce type d’installation, serait tout simplement un drame dans ce contexte. Les faits divers récents ont démontré que ce risque est avéré, bien que minimisé dans l’étude du promoteur. Nous ne pouvons évidemment pas prendre ce risque.
– La revendication d’un projet qui s’auto-qualifie de citoyen et vert, quand l’opposition est massive et manifeste. La pratique s’apparente à du greenwashing lorsque l’on regarde la balance écologique de cette centrale éolienne, avec un intérêt économique hypothétique qui bénéficierait à quelques investisseurs particuliers, au détriment du plus grand nombre de citoyens qui en porteraient les préjudices.
– Les nombreux biais et manquements qui apparaissent dans le dossier du promoteur: absence d’étude de bruit en hiver, densité d’habitations et fréquentation sous-estimées, étude de vent inexistante, étude de rentabilité parcellaire omettant l’impact des bridages, sous-évaluation de la dévaluation du foncier, exclusion des frais de maintenance, etc…
Ceci se cumule avec une façon de procéder peu démocratique à Acigné, sans veritable concertation, où le maire (entouré de quelques alliés aux intérêts convergents) semble favoriser ses intérêts politiques et économiques individuels au détriment des citoyens dont il est supposé être le représentant.
– L’impact évident de ces structures gigantesque sur la santé humaine. Les distances de sécurité vis à vis des habitations ne respectent pas les recommandations de l’Académie de Medecine. La pollution sonore, visuelle et lumineuse engendrée par ces mega-structures industrielles sera supportée par les habitants et promeneurs au quotidien. Il s’agit d’une zone de nature et de quietude, d’autant plus précieuse à tous que l’urbanisation locale est forte. Nombre de citoyens du bassin rennais viennent s’y ressourcer, et les personnes (dont je fais partie) qui se sont installées ici savent combien cet écosystème est unique. L’étude du promoteur sous-estime à la fois la densité de population vivant aux alentours, mais aussi la fréquentation des promeneurs.
– L’impact irréversible des travaux de mise en place (milliers de tonnes de béton coulées, larges saignées dans la forêt pour acheminer les pales, trop énormes pour que les voies de circulation existantes puissent être empruntées, etc…)
– Le non-sens à envisager cette centrale éolienne dans l’un des endroits les moins venteux de la région (!)
En conclusion, je cite la Cour d’Appel de Rennes, qui a déclaré en mars 2024 pour un projet similaire avec le même promoteur (P&T), que l’intérêt public ne doit pas être théorique.
Il est ainsi nécessaire de sortir de la position de principe des porteurs du projet, et de considérer enfin l’intérêt général.
Pour toutes ces raisons, je m’oppose fermement à ce projet de centrale eolienne industrielle « Les Ailes du Chevré » à Acigné.